samedi 28 juillet 2007

Le pôle Nord en détail



Le pôle Nord, tout le monde sait que c'est au Nord. L'arctique, tout le monde sait que c'est au... Nord (et l'antarctique au Sud). Mais où se trouve exactement le Svalbard, lieu d'action principal de Panique au pôle Nord ?

Comme vous le voyez sur les cartes ci-dessus, le Svalbard est l'archipel situé à droite du Groenland. On le nomme aussi Spitzberg, bien que ce terme désigne en fait la plus grande île de l'archipel norvégien.
Voici plus d'infos sur le Svalbard : Archipel de l’océan Arctique situé entre le cap Nord (extrémité Nord de la Norvège, le point le plus septentrional de l’Europe) et le pôle Nord. Il appartient à la Norvège. Les îles principales sont le Spitzberg, la Terre du Nord-Est, l’île de Barents, l’île Edge, l’île du Prince-Charles, l’île du Roi-Charles et l’île aux Ours. Sa superficie totale est de 62 160 km² pour plus de 4 000 habitants.

Cet archipel, très peu connu, sert de base au père Noël. C'est là que Mig va vivre la plupart de ses aventures. Alors dévorez sans plus attendre les chapitres mis en ligne sur ce blog pour en savoir plus sur le monde arctique !

Lettres de refus : quelques exemples







Chapitre 3 : Où il est question de lunettes de soleil

Quand la fumée autour de lui se dissipa, Mig sentit de nouveau la terre ferme sous ses sabots La forte lumière qui régnait autour de lui le fit cligner des yeux. Du blanc. Tout était blanc. La banquise sous ses pattes, le ciel lumineux, le glacier du fjord.
- Tiens, mets ça, c’est offert par la maison ! lança Léon.
Mig attrapa les lunettes de soleil que lui tendit le lutin.
- Il n’est pas censé faire nuit en permanence au pôle Nord à cette époque de l’année ? s’étonna Mig.
- Oui, normalement… Mais cet endroit est magique, je te l’ai dit ! On peut bronzer tous les jours de l’année. L’inconvénient, c’est cette lumière aveuglante presque toute la journée… Les lunettes de protection sont indispensables ici… Vas-y, essaie-les !
Le caribou imita le lutin et mit ses lunettes de soleil.
- La classe, non ? reprit Léon. Vise un peu la marque : « Sun Taclaus »… C’est leur nouvelle collection ! Surtout ne les perds pas, elle te seront d’une grande utilité…
Mig n’écoutait plus le lutin. Des centaines d’animaux de l’arctique apparaissaient l’un après l’autre autour de lui dans un nuage de fumée. Des cervidés principalement, rennes et caribous, mais aussi des ours blancs, des oiseaux et même des rongeurs.
Chaque candidat était accompagné d’un lutin, l’un apparaissant quelques secondes après l’autre sur la banquise.
- Combien de candidats ont-il sélectionné ? pensa Mig à haute voix.
- 350 pour être précis, dit une voix derrière lui.
Mig reconnut immédiatement son interlocuteur.
- Polysti, je me demandais où tu étais !
- Je t’ai vu arriver ! J’étais déjà là depuis quelques minutes… Toi aussi tu as eu les lunettes ? Chouette, hein… Dis, tu n’aurais pas croisé deux pingouins par hasard ?
- J’en ai aperçu deux qui m’ont doublé dans le tunnel avant d’arriver ici… Pourquoi ?
- C’est la police des transports. Pour te dire la vérité, j’ai réussi à semer mon lutin tout à l’heure… Quelle sensation de vitesse ! J’allais au moins à 1 000 kilomètres/heure ! Le hic, c’est que je me suis fait flashé…
- Tu… Quoi ? gronda Mig.
- Un renne qui a passé le concours l’an dernier m’a fourni le positionnement de tous les radars dans le tunnel… Mig, je ne pouvais pas prévoir qu’ils en installeraient d’autres cette année !
- Tu sais ce que tu risques ? « Tout comportement irrespectueux envers le lutin qui vous accompagne, tout excès de vitesse ou tout accrochage de bois avec un autre cervidé dans le tunnel est strictement interdit et passible d’une élimination immédiate du candidat ». Tu n’as pas lu le papier que t’as remis le lutin ?
- Je croyais que c’était de la publicité… Mig, cache-moi, vite !
A quelques mètres d’eux, deux pingouins patrouillaient, dévisageant les nouveaux arrivants avec attention.
- Hé, vous deux là !
Polysti sursauta et faillit tomber, dissimulé derrière son ami.
- C’est l’heure du rassemblement, venez avec moi.
La tête de Polysti apparut soudain derrière celle de Mig. Devant eux, Léon leur faisait signe d’approcher. Polysti poussa un grand soupir de soulagement. Les deux caribous se mêlèrent alors au flot des animaux qui se dirigeait maintenant vers le centre du fjord.
Deux immenses hauts parleurs avaient été installés sur un bloc de glace de trois mètres de haut. Au-dessus du podium flottait une large banderole rouge sur laquelle on pouvait lire, inscrit en lettres blanches : « Bienvenue ! ».
Sur l’estrade de glace, un lutin semblable en tout point à Léon s’éclaircit la voix avant de s’emparer d’un micro.
- Chers caribous, chers rennes, chers…
Il hésita en fixant du regard les cinq ours polaires, les deux phoques, le bœuf musqué, les six guillemots de Brünnich[1] et le lemming qui s’étaient regroupés à droite de tous les cervidés.
- Mesdames et messieurs, bienvenue à tous ! Sans plus attendre, laissez-moi vous présenter l’immense, l’unique, le MAGIQUE (il leva les bras au ciel sur ce dernier adjectif), j’ai nommé… le père… Noooëëël !
Sous un tonnerre d’applaudissements et de « hourra » du public, une explosion retentit sur le podium, laissant place à un nuage de fumée rouge et blanche. De chaque côté, deux énormes canons, supportés chacun par six lutins, crachèrent des étoiles d’or et d’argent au-dessus de la foule. Des feux d’artifice jaillirent ensuite dans le ciel, formant des phrases gigantesques, telles « Think different. Think Christmas ! » ou « Mon renne de Noël… c’est peut-être VOUS ! ». Cette dernière inscription fut suivie d’un portrait gigantesque du père Noël dans le ciel, le doigt tendu vers les animaux en dessous.

Le père Noël arriva en hélicoptère. L’engin se fixa en vol stationnaire à 30 mètres de haut, à la verticale du public. Une porte s’ouvrit. Une silhouette apparut devant la porte ouverte de l’hélicoptère. Ce qui surprit le plus Mig à cette première apparition ne fut pas de voir le père Noël avec une paire de lunettes mais de le découvrir en costume cravate aux couleurs de Noël.
Le personnage ressemblait en tous points à la vision qu’en donnaient les livres pour enfants du monde entier. Grosses joues roses, barbe blanche fournie, embonpoint certain : c’était lui, pas de doute.
Léon glissa à l’oreille de Mig :
- Ne t’inquiète pas, chaque année, on a droit à une entrée fracassante. La dernière fois, il est arrivé en parapente…
Mig n’écoutait que d’une oreille, les yeux rivés vers l’hélicoptère.
Les bras en croix, le père Noël se jeta dans le vide. L’élastique qui reliait ses pieds à l’hélicoptère se déroula pendant la descente, puis se tendit brutalement. La tête du père Noël s’arrêta à moins d’un mètre de l’iceberg qui servait d’estrade.
La tête en bas, l’homme à la barbe blanche posa une main sur le sol. Dans la même seconde, il retira de l’autre main ses lunettes de soleil et sourit aux photographes qui le mitraillèrent. Puis le père Noël remit ses lunettes et repartit en un éclair dans les airs, en alternant successivement descentes et remontées, sous les applaudissements de la foule conquise par le spectacle.
Dès que le père Noël cessa ses allers et retours verticaux au bout de l’élastique, plusieurs lutins arrivèrent pour le détacher. Malgré leurs efforts, le bonhomme en costume offrait un sourire crispé à la foule, la tête en bas, et les rennes commencèrent à voir sa tête virer au rouge. Le père Noël, qui commençait à perdre patience, lança un juron quand, soudain, un lutin réussit à le libérer. L’homme en costume s’écrasa sur le sol. Il se releva immédiatement, un sourire forcé aux lèvres, et proféra à voix basse des insanités au lutin responsable de sa chute.
Il s’avança ensuite vers le micro sous les crépitements des flashs des photographes. Autour de lui, quatre pingouins aux lunettes noires, la nageoire posée sur l’oreillette, scrutaient la foule avec intérêt.
- Les gardes du corps du père Noël, indiqua Léon à Mig. Ce sont des membres du GIPN, la police spéciale de Noël, des pingouins surentraînés spécialisés dans la lutte antiterroriste[2].
- Vraiment ? Quel est le danger ici ? s’étonna Mig.
- Chaque année, un groupe de rebelles anti-Noël tente de saboter la distribution des cadeaux. L’an dernier, ils ont tenté d’introduire une boule puante dans le sac du père Noël pour contaminer tous les cadeaux. Heureusement, la brigade de déminage est intervenue à temps…
- Je m’en souviens, ils en avaient parlé dans la Gazette du Fjord !
- Le père Noël aurait reçu des menaces cette année, paraît-il. D’où les gardes du corps et la sécurité renforcée.
Sur l’estrade, le père Noël se racla la gorge.
- Bienvenue à tous ! Merci, merci… dit-il en saluant les rennes au premier rang.
- Chers amis, reprit-il, je dois d’abord vous féliciter : vous avez été sélectionnés pour passer les tests et, peut-être, faire partie des huit rennes de mon attelage. Toutefois, je tiens à vous prévenir : la sélection est rude et sans pitié. Seuls les plus forts, les plus courageux, les plus aptes à recevoir et donner l’esprit de Noël iront jusqu’au bout. Un long chemin semé d’embûches vous attend ! Quand le moment tant attendu viendra, le 24 décembre, nous irons - VOUS irez - distribuer les cadeaux aux enfants du monde entier !
Les animaux applaudirent à tout rompre.
- Bonne chance à tous ! Et n’oubliez pas : être renne du père Noël, c’est du bonheur à la pelle !
Re-hourra du public. Le père Noël descendit de l’iceberg pour prendre un bain de foule et distribuer des photos dédicacées. Les quatre pingouins gardes du corps l’encadraient, tentant tant bien que mal de contenir les assauts des fans.
- Je ne l’imaginais pas comme ça, dit Mig en se tournant vers Polysti.
- Moi non plus. Et son habit de Noël, il existe au moins ?
- C’est celui pour la distribution des cadeaux, répondit Léon. Il ne le met que ce soir-là. Suivez-moi ! Je vais vous montrer où vous allez loger pendant le concours.
Les deux caribous suivirent le petit être au bonnet et sortirent de la foule pour se diriger vers une série de cabanes en bois posées plus loin sur la banquise.
[1] Oiseau de mer noir et blanc proche du pingouin. Ce petit oiseau trapu et palmipède pèse environ 1 kg pour une taille de 30 cm. Cet excellent plongeur utilise ses ailes courtes pour se propulser sous l’eau. Il est capable de rester sous la surface pendant plusieurs minutes d’affilée et descend facilement à plus de 100 m de profondeur pour attraper petits poissons, calmars et krill.
[2] Le GIPN (Groupement d’Intervention des Pingouins de Noël) est un commando d’élite chargé d’assurer la sécurité du père Noël et de lutter contre toute tentative de sabotage de la distribution des cadeaux. Ses membres, les meilleurs pingouins et manchots, reçoivent une formation spéciale à l’issue de laquelle ils choisissent une spécialité : déminage, infiltration…

Point sur l'envoi du manuscrit aux éditeurs


Voici la liste des éditeurs à qui j'ai envoyé mon manuscrit fin mai :


  • Gallimard Jeunesse

  • Milan

  • Albin Michel Jeunesse

  • Seuil Jeunesse

  • Nathan

  • Flammarion

  • Rageot

  • Hachette Jeunesse

  • Magnard Jeunesse

Sur ces neuf éditeurs, les cinq derniers m'ont déjà répondu par la négative (dont deux me renvoyant gratuitement mon manuscrit).


Reste donc quatre maisons d'édition pour lesquelles j'attends une réponse. S'il s'avère que c'est non, je retenterai ma chance, ayant d'abord ciblé les plus gros éditeurs.


Keep waiting...



Chapitre 2 : Où il est question d'un certain Phileas

- Oh la ! Hue ! Hue ! lança le père Noël.
Sur ses ordres, les huit rennes redoublèrent d’effort. Gagnant de la vitesse, l’attelage filait dans les airs entre les cônes verts des sapins gigantesques. En cinquième position, Mig peinait à garder les yeux ouverts sous les assauts des flocons de neige qui s’abattaient sur lui. Ils arrivèrent en vue de la soixante-dix-huitième cheminée de la tournée. Soudain, une explosion retentit à l’arrière. Mig faillit perdre l’équilibre. Il voulut regarder derrière lui quand il y eut un second choc, bien plus important. L’attelage se disloqua et Mig se sentit entraîner vers le sol. Il chutait, chutait…
- Nooonnn ! cria le renne en se redressant sur son lit.
Un mauvais rêve, juste un mauvais rêve. Mig sortit de son lit et descendit rejoindre ses parents au rez-de-chaussée.
Comme chaque jour à la même heure, Enuk, un caribou aux longs bois abîmés par les années, prenait son petit-déjeuner avant d’aller travailler (il tirait lui aussi des traîneaux pour les touristes). Mar, son épouse, était plongée devant « L’élan du cœur », son feuilleton favori. Dans ce 133ème épisode, Jessica venait de surprendre Judith, sa soeur, dans les bras de Phileas, son petit ami.
- J’en étais sûre !
- Jessica, attends, je vais t’expliquer…
- Il n’y a rien à expliquer ! Et toi… Tu m’as dit que tu m’aimais !
- Jess, ma chérie, c’est que…
- Chérie, où as-tu rangé le lait ?
- Il n’y a plus de « ma chérie » ! Tu me dégoûtes Phil ! Et dire que tu voulais m’épouser !
- Quoi ? Et la bague que tu m’as offerte alors ?
- Pupuce, attends…
- Faudra penser à racheter du beurre !
- Il n’y a pas de pupuce, Phil !
- Enfin, louloute !
- Louloute, je ne trouve pas le lait !
- Et pour être franche, je n’ai jamais aimé que tu m’appelles « louloute » !
- Judith, je crois qu’on s’est trompées toutes les deux sur ce renne !
- Tu as raison, Jess. Tu veux bien me pardonner ?
- Chérie ! Le lait !
- Bien sûr, tu es ma sœur enfin !
- Le lait !
- Viens, quittons ce…
- Le lait est demandé en cuisine !
La mère de Mig poussa un grand soupir et éteignit le poste de télévision.
- QUOI ? Tu ne sais pas trouver une bouteille de lait ?
- C’est que… non, répondit Enuk.
- Toujours la même chose avec toi !
Mar quitta le canapé du salon et se dirigea tout droit vers un placard de la cuisine.
- Tu soulèves le paquet de céréales et tu trouves le lait !
- Merci, ma puce !
- Et ne m’appelle plus « ma puce » !
Puis elle ajouta, imitant son personnage préféré de « L’élan du cœur » :
- Et pour être franche, je n’ai jamais aimé que tu m’appelles « ma puce » !
Sur ce, elle tourna les talons et retourna s’asseoir sur le canapé, maugréant un « C’est Jessica qui avait raison… » avant de rallumer la télévision.

Les parents de Mig habitaient une maison en bois à l’entrée de Tuktu, village d’une centaine d’habitants au Nord-Est de l’île de Baffin. La ville la plus proche était Pond Inlet, qui comptait 1 120 âmes. Ils avaient construit leur demeure à la naissance de Mig, et Enuk avait lui-même recouvert le toit de branches de sapin, comme le veut la coutume chez les caribous.[1] Elle était semblable aux autres maisons du village, excepté les cinq nains de jardins placés de part et d’autres entre la barrière et la porte d’entrée, souvenir du voyage de noces des parents de Mig en Europe.
A l’intérieur, Mar finissait de se limer les bois quand on sonna à la porte.
Elle abandonna à regret son occupation et ouvrit la lourde porte en bois. Elle resta bouché bée en apercevant ce qui se tenait devant elle.
- Enuk ! Il y a un de tes nains de jardin devant la porte…
Mig déboula le premier devant la porte et faillit écraser un petit homme entièrement vêtu de rouge. Il ressemblait trait pour trait au facteur de l’autre jour.
- Bonjour ! Je me présente : Léon, lutin du service des transports du père Noël, pour vous servir ! Je cherche un dénommé Mig…
- Enchanté, répondit Mig en lui tendant le sabot.
- Je suis chargé de votre transport jusqu’à la base du père Noël, au Svalbard, où se déroulent les sélections. Nous partons… tout de suite !
- Mais je n’ai pas eu le temps de… Mes bagages ne sont pas prêts !
- Pas de problème ! Vous n’en avez pas besoin… Désormais, on s’occupe de tout. Nous pouvons y aller Mig ?
- Et Polysti ?
- Ah oui, l’autre caribou de ce village également sélectionné… C’est un autre lutin qui s’en charge, ne vous inquiétez pas… Chaque renne a son propre lutin, vous savez… Allez, c’est parti !
Mig se retourna vers sa mère.
- Bon et bien au revoir…
- Bonne chance… répondit Mar.
- Et mon père ? Je dois lui dire au revoir !
- Pas le temps ! répondit le lutin. Vous savez que c’est moi qui ai transporté votre père, il y a quelques années ?
- Vraiment ?
- C’était il y a longtemps… Vous le saluerez de ma part, madame, lança-t-il en s’adressant à Mar. Allez, c’est parti !
- Vous l’avez déjà dit…
- Oui mais là, c’est vraiment parti !
Sur ce, une explosion retentit et Léon disparut dans une fumée rouge sous les yeux stupéfaits des caribous.
- Je crois qu’il m’a oubli…
Deuxième explosion. Quand la fumée brune se dissipa, Mar se retrouva seule dans l’entrée. Enuk arriva subitement, essoufflé.
- Tu m’as appelé ?
- C’est encore moi qui vais devoir nettoyer… soupira-t-elle en contemplant les minuscules étoiles scintillantes qui jonchaient le sol.
Tout tournait autour de Mig. Le dessus semblait dessous, le ciel et le sol s’entremêlaient et se tordaient, lui-même avait l’impression d’être étiré tel un caoutchouc - une sensation très désagréable.
Mig volait à toute vitesse depuis bientôt cinq minutes dans une sorte de tunnel de cinq mètres de diamètre. Autour de lui, des dizaines de caribous planaient de la même façon. Quelqu’un appela Mig. Celui-ci eut beau faire des efforts, il ne capta que quelques mots dans le vacarme ambiant. En baissant la tête, Mig aperçut plus bas deux pingouins qui filaient à toute allure.
- …riv ! fit alors une voix.
- Quoi ? hurla Mig en apercevant Léon près du bord opposé du tunnel.
- Ona… tôt !
- Je n’entends rien ! répondit Mig en désignant son oreille avec son sabot.
Le lutin se rapprocha du caribou en se roulant sur lui-même vers la droite, tel une météorite multicolore.
- Je disais : on arrive bientôt ! Vous êtes sourd ou quoi ?
- Et ce passage, poursuivit Mig, qu’est-ce que c’est exactement ?
- Un moyen de transport ! Seuls le père Noël et les lutins comme moi savent l’utiliser. Il en existe des milliers, invisibles aux yeux des humains. Ils passent tous par le pôle Nord géomagnétique[2]… C’est vers cet endroit que se produisent les aurores boréales. Ce phénomène est le seul signe visible de l’extérieur des tunnels magnétiques que nous empruntons… Les humains pensent qu’il s’agit d’un phénomène atmosphérique naturel, du moins c’est ce qu’on leur laisse croire. Les tunnels sont l’unique moyen de se rendre au Svalbard[3], le véritable lieu de résidence du père Noël ! Très peu de gens le savent d’ailleurs…
- C’est un endroit caché ?
- En quelque sorte… Disons qu’il est… magique ! Si tu regardes la carte du Svalbard à l’envers, tu verras apparaître une tête de renne ! Les rennes, les animaux du père Noël par excellence, sont devenus les êtres les plus respectés là-bas. Ah, je crois qu’on arrive !
- Où va-t-on atterrir ? demanda Mig.- A l’extrémité Nord-Ouest du Spitzberg, sur la terre d’Albert Ier. Sur le glacier du Liefdefjord plus précisément. C’est là que se trouve la base du père Noël. Prépare-toi, on arrive !
[1] Coutume datant du XIXème siècle lorsque les caribous, menacés d’extinction, durent apprendre à se cacher des chasseurs Inuits. Cette tactique leur permettait de se dissimuler dans la forêt. Mais, le nombre d’arbres dans cette région étant proche de zéro, l’opération fut un échec. Pour saluer l’effort des caribous, les Inuits acceptèrent de changer leur mode de vie et de remplacer la chasse par l’élevage. Cf Encyclopédie Universelle du Cervidé, chapitre 3 : du mode de logement du renne.
[2] Il existe quatre définitions du Pôle Nord : géographique (point de la surface du globe où passe l’axe de rotation de la Terre), de l’inaccessibilité (point géographique de l’Antarctique le plus éloigné de toute côte), magnétique (endroit où le champ magnétique de la Terre pointe vers le bas) et géomagnétique (lieu où converge l’ensemble des champs magnétiques en supposant que les pôles magnétiques agissent exactement comme une barre aimantée).
[3] Archipel de l’océan Arctique situé entre le cap Nord (extrémité Nord de la Norvège, le point le plus septentrional de l’Europe) et le pôle Nord. Il appartient à la Norvège. Les îles principales sont le Spitzberg, la Terre du Nord-Est, l’île de Barents, l’île Edge, l’île du Prince-Charles, l’île du Roi-Charles et l’île aux Ours. Sa superficie totale est de 62 160 km² pour plus de 4 000 habitants.

mercredi 25 juillet 2007

Le chapitre 1 en lecture interactive

Je viens de mettre en ligne le 1er chapitre de Panique au pôle Nord sur ce blog. Alors si vous voulez suivre le début des aventures de Mig le renne, c'est sur le billet précédent que ça se passe !
Bonne lecture (les commentaires sont les bienvenus).

Chapitre 1 : Où il est question d'une lettre

- Je parie que tu n’es pas capable d’aller toucher les défenses d’un morse avec tes bois… lança Polysti à Mig.
- Quoi ? N’importe quoi. C’est stupide ton pari.
- J’en étais sûr. « Madame » a peur d’abîmer ses jolis petits bois peut-être ? Ou alors tu as peur d’un gros plein de soupe qui pourrait se jeter sur toi à tout moment ?
- Pas du tout ! C’est juste que… OK, je le fais.
Les deux jeunes caribous[1] s’éloignèrent discrètement de leurs camarades, en plein cours sur la nidification des sternes arctiques en milieu naturel, et se dirigèrent vers le groupe de morses installé plus loin sur la plage.
Alors que Polysti restait dissimulé derrière un rocher, Mig s’avança prudemment sur les galets, ses coussinets glissant constamment sur les cailloux gris. Il s’aperçut qu’il venait de parcourir les 500 derniers mètres qui le séparaient des premiers morses. Devant lui, seize animaux de 800 tonnes étaient entassés les uns sur les autres au soleil. Il déglutit puis respira un bon coup. Je peux le faire, se dit-il. Il avisa un morse couché – ou plutôt « posé » là – en avant du reste du groupe. L’animal était énorme, un paquebot à moustaches échoué sur la plage, en train de digérer paisiblement au soleil.
Mig arriva à moins d’un mètre de l’animal. Le renne se retourna. Au loin, derrière sa cachette, Polysti lui adressait de grands signes de la patte pour l’encourager. Impossible de reculer, pensa Mig. Le moindre faux pas sur ces maudits galets et le morse se réveillerait instantanément.
Mig s’approcha de la tête du morse endormi. Ses longues moustaches mouillées lui chatouillèrent le museau, et Mig dut faire un immense effort pour ne pas éternuer. Estimant être au plus près, il pencha légèrement sa tête de côté, tout doucement, puis toucha légèrement la défense imposante de la bête. Tout en sueur, la mâchoire crispée, Mig releva la tête aussi lentement que possible puis poussa un soupir de soulagement. Il se retourna dans le plus grand silence et entreprit le voyage retour vers Polysti qui gesticulait toujours dans tous les sens pour saluer l’exploit de son compagnon.
Mig était arrivé à mi-chemin quand, entre deux galets, son sabot rencontra un oursin. Son cri de douleur ne mis pas plus d’une seconde à arriver aux oreilles du troupeau de morses. Les unes après les autres, les bêtes se réveillèrent en poussant des barrissements féroces en direction de Mig. Paniqué, celui-ci piqua un sprint, l’oursin toujours planté dans son sabot.
Arrivé à hauteur de Polysti, Mig put enfin ôter les piquants de sa patte endolorie.
- Aïe ! J’ai réussi !
- Ca fait une heure que je te fais des signes !
- Oui j’ai vu. C’est fair-play de ta part de m’encourager…
- Je voulais te prévenir qu’un des morses était réveillé ! Il commençait à regarder dans notre direction !
- Maintenant c’est fait ! Allez on file !
Poursuivis par le troupeau de morses en colère, toutes défenses dehors, les deux rennes durent quitter leur cachette et fuir sur la plage, glissant un pas sur deux sur les galets.
Entre-temps, le vacarme des morses avait réveillé les sternes sentinelles.[2] Les oiseaux s’étaient envolés les uns après les autres en un vacarme impressionnant.

Les camarades de classe des intrépides caribous n’en crurent pas leurs yeux quand ils virent la vingtaine de morses dévaler la plage dans leur direction. Désormais, des centaines de sternes arctiques volaient aussi vers eux en rang serré, prêts à chasser les intrus.
Le spectacle fut impressionnant. D’un côté, les escadrons de sternes attaquaient par vagues successives, lâchant des bombes de guano[3] sur les rennes affolés. De l’autre, les morses se balançaient de gauche à droite pour impressionner leurs adversaires.
Au bout d’une minute, tous les rennes durent quitter les lieux, entièrement recouverts par les excréments lâchés par la flotte aérienne des sternes. Une journée entière leur fut nécessaire pour s’en défaire. Résultat : Mig et Polysti écopèrent de dix jours de renvoi avec obligation de présenter un exposé d’une heure sur le mode de vie du morse. Après cet incident, les deux caribous devinrent les meilleurs amis du monde.

Mig était un caribou tout ce qu’il y a de plus banal. Son pelage gris laissait place sur les épaules, le cou, le ventre et l’arrière-train à une belle fourrure blanche. Comme ses congénères, deux grands bois ornaient sa tête, majestueuses parures velues. Ses mensurations aussi étaient banales, pour un caribou de l’Arctique : 122 cm de haut au garrot pour 198 kilogrammes.
Mig vivait au Nord du Canada sur l’île de Baffin, la plus grande île du pays, une bande de terre coincée entre le continent nord-américain à l’Ouest et le Groenland, appartenant au Danemark, à l’Est. Elle faisait partie du groupe d’îles – Victoria, Banks, Parry, de la Reine Elisabeth, d’Ellesmere (entre autres) – situées dans le cercle polaire arctique[4], reliées à l’océan glacial Arctique par un labyrinthe de bassins, de golfes et de détroits emprisonnés par la banquise pendant l’hiver.
Sur cette terre de toundra, où poussent de rares arbres, Mig passait ses journées à promener les touristes amateurs de balades en traîneau. Entre deux voyages, il attendait le client en broutant du lichen ou des pousses d’arbres, son activité favorite après le limage de ses bois contre le tronc des arbres et la sieste.

Alors que Mig entamait sa douzième bouchée de lichen, un brouhaha se fit entendre parmi la harde. Les têtes se relevèrent les unes après les autres. Mig ouvrit un œil pour voir d’où provenait le tumulte grandissant.
- M. Mig ! Je cherche M. Mig ! Bonjour… Vous êtes M. Mig ? Non ? Ah… Bonjour, vous êtes… Non plus… Très joli ce pelage, cher ami… M. Mig ! Excusez-moi, Madame, laissez passer… Y a-t-il un dénommé Mig parmi vous?
Avalant d’un coup sa nourriture, Mig n’en crut pas ses yeux. Devant lui se tenait un tout petit homme qui lui arrivait à peine au genou. Entièrement vêtu de jaune et bleu, il soufflait bruyamment en tentant de reprendre son souffle.
- Ah, enfin ! M. Mig, je vous ai trouvé ! J’ai bien cru que j’allais vous chercher parmi tous ces troupeaux pendant des... Mais oh ! Pardonnez-moi, je ne me suis pas présenté !
Mig avait toujours la bouche grande ouverte, encore surpris par cette soudaine et incongrue apparition.
- Postus, facteur du père Noël, pour vous servir.
Le petit bonhomme fit la révérence devant son interlocuteur, son long bonnet touchant la neige.
- Voici votre courrier, reprit-il, livré en temps et…
Il sortit une énorme montre à gousset d’une poche de sa veste
- En heure ! Veuillez signer ici… demanda-t-il en dressant au-dessus de sa tête une feuille de papier.
Mig appuya son sabot droit sur le tampon encreur qu’on lui tendait puis reposa le minuscule document, à l’image de l’homme qui la soutenait, si bien que l’empreinte du renne recouvrit presque la moitié de la page.
- Ici aussi, reprit le facteur… Encore une fois… Et puis là… C’est tout. Merci encore et joyeux Noël !
Sur ce, l’être fourra le document et le tampon encreur dans ses poches et rebroussa chemin en essayant tant bien que mal d’éviter les sabots qui grattaient l’herbe dans une forêt de pattes gigantesques.

Mig déchira le papier, faisant tomber une pluie de petites étoiles scintillantes, et lut à voix haute :
- Cher M. Mig, nous avons le plaisir de vous annoncer que vous avez été retenu pour participer à la sélection des rennes du père Noël. Votre présence est requise au Svalbard dès réception de ce courrier. Veuillez recevoir, M. Mig, nos sincères félicitations. Bien à vous, le Service de Recrutement des Rennes du père Noël.
Mig n’en revenait pas. Tous les animaux autour de lui le félicitèrent.
- Bravo Mig ! Tu te rends compte, tu vas peut-être faire partie de l’attelage du père Noël !
- C’est-à-dire… en fait je n’ai pas… oui, c’est vrai, c’est fou non ? furent les seuls mots qui sortirent de la bouche de Mig. Il tenta ensuite de répondre avec sourire à tous les caribous qui vinrent lui serrer le sabot pour le féliciter, opération qui prit trois bons quarts d’heure, le caribou étant connu pour être un animal adorant congratuler son prochain.[5]
Après avoir été chaleureusement salué par toute la harde, Mig réussit enfin à s’extirper du rassemblement général provoqué par l’arrivée de sa lettre. Et quelle lettre… Mig la lisait encore et encore, au point de la connaître par cœur. Il n’arrivait toujours pas à y croire. Surtout, il ne comprenait toujours pas comment…
- Bonjour Mig ! Tu ne devineras jamais ce qui…
- Bonjour Polysti… répondit Mig en voyant débouler devant lui son ami.
- Je participe à la sélection des rennes du père Noël !
- Moi aussi ! En plus je ne me suis même pas inscrit, c’est fou…
- Je sais !
- Tu sais ?
Polysti affichait un large sourire, laissant entrevoir un bout de lichen coincé dans sa canine gauche.
- C’est moi qui nous ai inscrit !
- Pourquoi tu ne m’as rien dit ?
- Pour te faire la surprise ! Allez… Tu peux me dire merci.
- Et bien… Merci !
Mig tapa dans le sabot de Polysti et tous deux se mirent à bondir dans tous les sens, hurlant à tue-tête.
[1] Note de l’auteur : Bien qu’il s’agisse de la même espèce, on parle de caribou en Amérique du Nord et de renne en Europe et en Asie.
[2] Chaque colonie de sternes arctiques possède des sentinelles chargées de prévenir l’arrivée de tout intrus.
[3] Guano est le nom donné aux excréments des oiseaux marins. Riche en éléments assimilables par les plantes, il constitue un engrais naturel très efficace… et une arme très dissuasive (à l’occasion).
[4] Ce parallèle, situé à 66°34’ de latitude Nord, marque la limite méridionale de la zone où le Soleil ne se lève pas au solstice d’hiver et ne se couche pas au solstice d’été. Cela se traduit par des périodes de nuit ou de jour permanent de six mois dans ces régions.
[5] Information extraite de l’Encyclopédie Universelle du Cervidé d’Igor Petranov, traduit du lapon par Jean Boisderenne, chapitre 5 : le serrage de sabot, de la théorie à la pratique.

mardi 24 juillet 2007

Välkommen !

Bienvenue comme on dit en suédois. Bienvenue sur ce nouveau blog entièrement consacré à mon premier roman Panique au pôle Nord (roman jeunesse à partir de 13 ans jusqu'à... quand vous voulez).

L'histoire : Dans une interview à la Gazette du Fjord, Mig le renne accuse le père Noël de l’avoir licencié abusivement, suite à la collision du traîneau avec un Boeing 737. Un mois plus tôt, Mig part au Svalbard pour participer au concours annuel des rennes du père Noël. Aidé de ses amis, il va devoir empêcher les rebelles de saboter la distribution des cadeaux. Qui se cache à la tête de ce groupe ? Comment le traîneau a-t-il pu percuter un avion ?

Je publierai ici quelques chapitres du roman ainsi que quelques lettres de refus des maisons d'édition. Alors à bientôt !